Repost du 23/09/2011 10h42
Une comédie familiale, qui tient plus du vaudeville, se déroule maintenant en Europe. Après la démission d’Axel Weber, Jürgen Starck a lui aussi quitté la Banque Centrale Européenne, semant de plus en plus le trouble sur la capacité (et la volonté) de l’Atlas allemand de soutenir la politique européenne. Mais, dans cette affaire, les Français ne sont pas plus décisifs…
Une comédie familiale, qui tient plus du vaudeville, se déroule maintenant en Europe. Après la démission d’Axel Weber, Jürgen Starck a lui aussi quitté la Banque Centrale Européenne, semant de plus en plus le trouble sur la capacité (et la volonté) de l’Atlas allemand de soutenir la politique européenne. Mais, dans cette affaire, les Français ne sont pas plus décisifs…
Comme dirait Coluche
C’est l’histoire d’un mec, un peu roublard, qui voulait partir en vacances avec sa famille. Comme il n’est pas bien riche, pour ce faire, il va voir son banquier, qui lui prête un peu plus que ce dont il a besoin. Ses frères et sœurs, tout heureux de le voir être du voyage, ne posent pas trop de questions quant à la source des fonds.Mais la bise est venue, et le mec un peu roublard n’a pas de quoi rembourser. Sa femme et ses enfants ne sont pas contents de se serrer la ceinture, surtout qu’ils n’ont pas l’impression d’avoir autant profité des vacances que le mec roublard.
Comme la famille c’est la famille, les frères et sœurs se cotisent pour le tirer de l’ornière. Mais ce n’est pas de gaieté de cœur, alors ils le titillent un peu. Sauf que comme sa femme et ses enfants refusent d’abandonner leurs habitudes (après tout ce n’est pas de leur faute si tout cela arrive), bah le mec roublard a toujours du mal à payer ses dettes. Il faut dire qu’il en a beaucoup. En plus, il travaille, mais pour une raison quelconque, il n’arrive pas à toucher l’intégralité de son salaire, et visiblement, ça prendra du temps pour résoudre ce problème.
Bien sûr, il y a aussi les banques, mais pour elles, le mec roublard c’est pas de la famille, donc elles lui prêtent de moins en moins d’argent avec un taux de plus en plus prohibitif.
Alors que faire: ne pas rembourser la banque ? Cela donnerait une réputation de mauvais payeurs aux frères et sœurs, et ils auraient eux-mêmes plus de mal à emprunter pour acheter cet appart dont ils ont envie depuis des années. Ca serait injuste, surtout qu’ils n’y sont pour rien, c’est juste qu’ils aiment leur frère.
Interdire les sorties piscine et cinéma aux enfants, et ne plus payer de dîner romantique à madame ? Possible, mais c’est encore trop injuste, ils ont rien demandé, et en plus ils ont pas eu de homard pendant ces fameuses vacances, eux.
Alors vendre les meubles ? C’est dommage on y tient, le vase de grand-mère, c’est dommage quand même…
Boucher les trous
Evidemment dans le rôle du mec, il s’agit bien de la Grèce. La balle est maintenant dans le camp des politiques. Stop à la frilosité, stop aux démissions absurdes. Les pays forts de la zone euro doivent prendre leurs responsabilités. La Banque Mondiale, par la voix de son président (des gens certainement plus compétents que moi), ont lancé le même appel, le 16 septembre:«A moins que l’Europe, le Japon et les Etats-Unis ne commencent à prendre leurs responsabilités, ils risquent non seulement d’entrer en crise, mais d’entraîner l’économie mondiale avec eux. […] Ils ont procrastiné pendant trop longtemps avant de prendre les décisions difficiles, limitant les possibilités à une poignée de choix douloureux.»
Par ailleurs, il faut aussi souligner que le répit semble vouloir venir de Chine, qui se dit prête à acheter de la dette de pays européens en difficulté. Il semblerait que les Chinois aient compris l’importance de la stabilité économique mondiale pour leur propre fonctionnement (ce qui est bien sûr facilité par leurs réserves monétaires imposantes). Ceci est quelque chose que les Britanniques, s’abritant comme un cache-misère derrière la livre, ne semblent pas vouloir comprendre, et se lavent les mains de tous problème sur «le Continent».
Malheureusement, ceux qui vont subir le plus sont donc les Grecs. Le FMI, la BCE et la Commission Européenne exigent maintenant que la Grèce remplisse des pré-requis encore plus drastiques qu’auparavant. Entre autres, le gouvernement veut baisser le montant de la retraite de 1200€ et 100,000 employés du secteur public vont bientôt être au chômage technique. Evidemment, tout ça ne peut pas se faire dans la douceur, Athènes est paralysée. Hier, aucun transport en commun ne circulait, pas de vols ni de taxis et des manifestations d’enseignants congestionnaient la ville.
Le seul moyen de sortir la tête haute de cette crise, c’est la solidarité et le partage de la douleur. Même si c’est trop injuste pour tout le monde. Au final, ce sont des choix que nos dirigeants vont devoir faire, dont ils devront prendre la responsabilité devant leurs électeurs. Nous allons sûrement en subir les conséquences, mais c’est bien parce que l’Europe n’est pas qu’une construction économique ou une chimère d’après-guerre. C’est une grande famille, et on doit en prendre soin, même si le frère en question est un boulet.