Mario Draghi, le président
de la Banque Centrale Européenne (BCE), a fait un commentaire très intéressant sur le sens de la monnaie unique lors
de la conférence de presse qu’il a tenue aujourd’hui.
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Photo: ft.com |
Interrogé sur un éventuel
plan de sauvetage en cas de sortie de l’Euro de Chypre, voire de l’Espagne ou
de l’Italie, sa réponse fuse à l’encontre du catastrophisme de nombreux
commentateurs (anglo-saxons je suppose). En particulier, à son sens, les personnes à
l’origine de la question (des lecteurs du blog Zero-Hedge)
« sous-estiment complètement la signification de l’Euro pour les Européens,
pour la zone Euro. Ils sous-estiment grandement la quantité de capital
politique qui a été investie dans l’Euro.» Avant de rajouter qu’on n’adhère pas
à l’Euro comme on entre et sort d’un moulin, et surtout qu’il n’y a pas de « plan
B ». Son commentaire
est cohérent avec l’annonce vigoureuse faite au mois d'Août que la BCE fera tout pour sortir la zone
Euro de la crise et surtout, tout pour sauver l’Euro.
Pourtant, au-delà, je ne peux pas m’empêcher de penser que l’Euro n’est jamais vraiment
devenu "notre" monnaie dans la tête des Européens, malgré tout la bonne
volonté politique qui y a été mise. La rhétorique populiste le présente avec succès comme
un élément extérieur imposé par des forces technocratiques, plus
subi que choisi. Ce sentiment pourrait expliquer la volonté d'une minorité grandissante
de l'abandonner.
Cependant, Super Mario a bien
raison, et il faudrait qu’on en soit nous-mêmes convaincus : la monnaie
unique est la conclusion d'un immense projet européen, l’incarnation (j’espère)
de la solidarité entre les peuples de ce Continent. Il ne faut donc pas la jeter comme
une vulgaire chaussette, dès qu'il y a un trou. La réappropriation viendra peut-être des
jeunes, qui ont soit une mémoire diffuse du franc (ou de la drachme, de la
peseta, etc) ou qui ne l'ont jamais connu...
Pour le script de
l’échange, voir ici
et pour la vidéo de la conférence de presse voir ici
(57:45)