Les taux d'intérêt négatifs, vous en avez sûrement entendu
parler aux infos. Mais ça veut dire quoi au juste ? Et pourquoi diantre
paierait-on pour prêter de l'argent ? A l'heure où la Banque Centrale
Européenne remet le sujet sur le tapis, quelques explications sur
Economiam.
Just easy as A, B, C
Le but de ce post est surtout de clarifier les différents contextes dans lesquels on peut parler de taux d'intérêt négatifs. Economiam en connaît trois :A Taux d'intérêt réels négatifs
C'est quoi ?
Le taux d'intérêt réel est défini comme le taux d'intérêt
nominal net de l'inflation.
Prenons un exemple pour fixer les idées. Supposons que vous avez décidé d'ouvrir un livret A au 1e janvier 2014 et d'y placer 1 000€ d'économies. Au 1e janvier 2015, au taux actuel de 1,25%, votre patrimoine s'élèvera à 1 012,50 €. Le taux de rémunération du livret A est ce qu'on appelle un taux nominal. Supposons par ailleurs que l'inflation s'élève à 2% durant 2014. Ceci veut dire qu'un panier de bien et services qui vous coûtait 1 000 € au 1e janvier 2014, vous coûte désormais 1 020 €. Le pouvoir d'achat de votre placement a donc diminué de 7,50 € en un an ! On voit donc ici que le taux d'intérêt réel est de -0,75%, en d'autres termes quand bien même vous avez dans votre poche 1,25% de plus, vous perdez 0,75% de la valeur de votre épargne par rapport au coût de la vie. Pas une très bonne affaire en somme !1
Pourquoi c'est important ?
Prenons un exemple pour fixer les idées. Supposons que vous avez décidé d'ouvrir un livret A au 1e janvier 2014 et d'y placer 1 000€ d'économies. Au 1e janvier 2015, au taux actuel de 1,25%, votre patrimoine s'élèvera à 1 012,50 €. Le taux de rémunération du livret A est ce qu'on appelle un taux nominal. Supposons par ailleurs que l'inflation s'élève à 2% durant 2014. Ceci veut dire qu'un panier de bien et services qui vous coûtait 1 000 € au 1e janvier 2014, vous coûte désormais 1 020 €. Le pouvoir d'achat de votre placement a donc diminué de 7,50 € en un an ! On voit donc ici que le taux d'intérêt réel est de -0,75%, en d'autres termes quand bien même vous avez dans votre poche 1,25% de plus, vous perdez 0,75% de la valeur de votre épargne par rapport au coût de la vie. Pas une très bonne affaire en somme !1
Pourquoi c'est important ?
Les gens ont en général du mal à faire la part entre nominal et réel, un phénomène qu'on appelle "illusion monétaire".
Ceci a en fait une très grande importance pour l'épargne de
prévoyance (par exemple pour s'assurer un revenu convenable pendant sa
retraite). En effet, la destruction de valeur décrite ci-dessus fait
boule de neige avec le temps : au bout de dix ans, vos 1 000 € de
placements valent 1 132,27€ tandis que le panier de biens vaut désormais
1 219 €, soit une différence de 86,73 €, soit plus que la perte de la
première année multipliée par dix.Ainsi, si la situation de taux d'intérêt négatifs persiste trop longtemps, l'épargnant prudent s'appauvrit, ce qui serait le cas pour des millions de Français, au vu de la popularité du livret A.2
B Taux d'emprunt négatif pour la dette d'Etat
C'est quoi ?Comme on l'a vu récemment, la France a pu emprunter à un taux (nominal) négatif. Ceci veut dire que les acheteurs de la dette française sont prêts à placer plus que €100 aujourd'hui pour revoir exactement €100 dans trois mois. Pour remettre les choses dans le contexte de l'exemple précédent, ceci équivaudrait à mettre €1 000 au 1e janvier 2014, puis au lieu de recevoir des intérêts, se voir prélever de l'argent au 1e janvier 2015.
Pourquoi c'est important ?
Ceci montre que les investisseurs sont prêts à perdre de l'argent pour investir dans la dette française. En pratique, cela veut dire que la France peut se financer à des taux très bas, pour assurer ses dépenses. De façon très schématique, c'est un peu comme si Sofinco vous payait pour que vous puissiez vous acheter cette machine à laver dont vous rêvez tant !
L'explication est certainement beaucoup moins politique ou philosophique et beaucoup plus mécanique. En effet le marché de la dette souveraine est animé en grande partie par des investisseurs institutionnels (qui ont l'obligation d'investir une proportion importante de leurs fonds dans des actifs avec une note suffisamment élevée) ou par des banques centrales qui cherchent à diversifier leurs réserves de change (en achetant des Euros plutôt que des dollars, avec un objectif plus stratégique que de rendement). Ces acteurs cherchent à investir des sommes gigantesques ! Or les marchés de la dette très profonds et liquides se comptent quasiment sur les doigts d'une main : il n'y a pratiquement qu'aux États-Unis, au Japon, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Italie que l'on peut investir plusieurs milliards d'un coup sans faire bouger les prix. Il ne faut donc pas exagérer le vote de confiance des investisseurs envers la stabilité financière de la France. Certes, par rapport à l'Italie, la France est plutôt un bon parti. Mais c'est aussi que les actifs de meilleure qualité ne sont pas aussi facilement disponibles...
C Taux directeur négatif de la Banque Centrale
C'est quoi ?Pourquoi c'est important ?
Les banques centrales ajustent leur taux directeur pour
manœuvrer les cycles de l'économie. De façon schématique, elles
abaissent leur taux directeur en période de récession et l'augmentent en
période de croissance soutenue. Elles font ceci pour répondre à leur
mandat, qui est en général de contrôler les pressions inflationnistes,
ou encore de maintenir l'équilibre macroéconomique, comme c'est le cas
pour la Fed aux États-Unis, qui cherche à combattre le chômage.
La BCE en revanche fait face à un contexte institutionnel différent dans lequel l'achat d'obligations d'Etat fait débat. Les discussions se font de pus en plus fréquentes parmi son directoire sur la possibilité de mener son taux directeur en territoire négatif.
La Petite Sirène se pose des questions sur son épargne |
On ne naviguerait pas ici complètement en territoire
inconnu, car la Riksbank suédoise entre 2009 et 2010 de même que la
banque centrale du Danemark depuis 2012 ont suivi cette politique. Evidemment il y a ici des complexités importantes comme la
profitabilité des banques (histoire de ne pas avoir à les renflouer à
nouveau !) ou encore le money market (qui est une source de liquidité
essentielle pour les marchés financiers). Mais l'expérience danoise
montre que les craintes initiales en terme d'instabilité financière ne
vont pas forcément se matérialiser et qu'il est possible d'appliquer un
taux négatif aux réserves sans pénaliser les épargnants ni détruire la
liquidité des money markets (qui subissent quand même un impact).
Ainsi, si la situation économique de la zone Euro continue
de stagner, on ne voit pas trop à quel autre outil Super Mario pourrait
avoir recours. Cette nouvelle ère des banques centrales pourrait
commencer dès juin 2014 selon certaines prédictions.
Pour en savoir plus : comment les banquiers centraux estiment le niveau du taux directeur : la règle de Taylor.
Pour en savoir plus : comment les banquiers centraux estiment le niveau du taux directeur : la règle de Taylor.
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1. Pour les plus éconophiles, ceci est aussi connu sous le nom
de règle de Fisher.
2. La solution peut être d'investir dans des actifs risqués comme les actions ou l'immobilier, mais c'est une autre histoire.
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